Témoignage de Denis Donikian




En 1988, les Editions Parenthèses, société dont Monsieur V. A. est le gérant, faisaient paraître ma traduction d'un recueil de poésies de Parouïr Sévak, intitulé Que la lumière soit ! Mes liens avec Monsieur A. avaient été établis à l'époque où nous militions au sein du Collectif Sergeï Paradjanov. Intéressé par ma traduction, Monsieur A. m'avait alors proposé de l'éditer. Par la suite, nous avons travaillé ensemble à la mise au point du texte définitif.


Comme il rechignait à établir un contrat, je suis descendu spécialement à Marseille et j’ai obtenu sa signature in extrémis. Il était convenu que me serait versé un à-valoir de 10 000 francs.


Le livre publié, cet à-valoir tardait à venir en dépit de mon insistance et de mes propositions de fractionnement. De guerre lasse, après des années d’attente, je fis appel à un huissier et obtins 9 000 francs versés en trois fois.


Pour prévenir toute interprétation erronée sur cette affaire, je tiens à préciser les points suivants :


1) Je n’ai pas souhaité rendre publique ma mésaventure avec les Editions Parenthèses pour ne pas nuire au désir de Monsieur A. de créer une collection consacrée à la littérature arménienne. Ma traduction faisant partie des premiers ouvrages de cette collection. Dans ce sens, je n’ai pas informé l’Association Audace qui édite un annuaire dont la vocation est d’évaluer les éditeurs français concernant les droits d’auteur.


2) En revanche, chaque fois que je l’ai pu, j’ai mis en garde auteurs et traducteurs qui souhaitaient adresser leurs textes aux Editions Parenthèses. Je l’ai fait pour Max Sivaslian et Nounée Abrahamian (traductrice au sein de l’anthologie Avis de recherche).


3) En dépit de ma rupture avec Monsieur A., j’ai fait personnellement la recension de certaines parutions des Editions Parenthèses sur le site Yevrobatsi.org ou sur mon blog consacré au génocide arménien : Jours de cendres à Istanbul, La vie comme elle est. Le site Yevrobatsi.org, dont j’étais le rédacteur en chef, avait consacré des articles à l’anthologie Avis de recherche, au livre de photographies de Max Sivaslian, Ils sont assis, et à celui de Martin Melkonian, Le miniaturiste.


4) D’aucuns pourraient penser que m’associer à la campagne d’information lancée par Olivia Alloyan serait à mettre sur le compte d’une vengeance ou d’une rancune. Par exemple pour n’avoir pas figuré dans Avis de recherche. J’avais d’autant moins vocation à y figurer qu’il s’agissait d’une anthologie bilingue et que je n’écris pas en arménien.


5) Enfin, si je m’associe à cette campagne, c’est uniquement dans le but de mettre en garde auteurs et traducteurs contre des pratiques d’un autre temps. En ce sens, je m’inscris dans la ligne de conduite d’Honoré de Balzac et de Victor Hugo, qui sont les figures tutélaires de la Société des gens de lettres dont la vocation est de défendre les droits des auteurs contre des pratiques éditoriales frauduleuses. J’abandonne à leur responsabilité auteurs ou traducteurs qui, n’ayant pas eux-mêmes été respectés dans leurs droits, souhaitent, par leur silence, rester dans les bonnes grâces de ce genre d’éditeur sans scrupules, dans le seul but de pouvoir être publiés une autre fois. Le livre passe, la honte reste.





Denis Donikian



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